Université de Tel Aviv : une maman sur smartphone se consacre à 25 % à son bébé

Dr. Katy Borodkin Dr. Katy Borodkin

Lorsqu’elles naviguent sur Internet ou qu’elles sont au téléphone, les mamans ne consacrent que 25 % de leur attention à leurs bébés. Bien que cette nouvelle recherche de l’Université de Tel Aviv ait principalement étudié les mères, les chercheurs pensent que leurs résultats s’appliquent également aux pères.

Cette étude a donc révélé que l’interaction entre les mères et leurs tout-petits est 4 fois moins importante lorsque les mères utilisent leurs smartphones, ce qui pourrait nuire au développement du tout-petit et avoir des conséquences importantes et profondes. Cette nouvelle étude a été dirigée par le Dr Katy Borodkin du Département des troubles de la communication à l’École des professions de la santé Stanley Steyer, de la Faculté de médecine Sackler de l’Université de Tel Aviv. L’expérience a enrôlé des dizaines de mères de tout-petits (âgés de deux à trois ans).

Les mères ont été invitées à participer à une étude examinant le lien entre les intérêts de la mère et de l’enfant. On leur a demandé d’effectuer trois tâches : parcourir une page Facebook spécifique et « liker » les vidéos et les articles qui les intéressent ; lire des magazines imprimés et marquer les articles qui les intéressent ; et enfin, jouer avec l’enfant pendant que le smartphone et les magazines étaient à l’extérieur de la pièce (jeu libre ininterrompu). « Notre objectif était de simuler des situations de la vie réelle où la mère doit s’occuper de son enfant, tout en consacrant une partie de son attention à son smartphone», explique le Dr Katy Borodkin. « Les mères n’étaient pas au courant du but de l’expérience, elles se sont donc comportées naturellement en partageant leur intérêt entre les tout-petits et le smartphone et les magazines. Nous avons filmé toutes les interactions entre les mères et les tout-petits, puis nous avons scanné les enregistrements image par image pour tenter de quantifier l’interaction mère-enfant ».

Les chercheurs de l’Université de Tel Aviv ont défini trois composantes de l’interaction mère-enfant :

1/ L’input linguistique maternel a été examiné en premier, c’est-à-dire le contenu linguistique que la mère transmet à l’enfant. Selon des recherches antérieures, il s’agit d’un prédicteur important du développement du langage chez l’enfant. Il a été constaté par le passé qu’une entrée linguistique réduite entraîne une réduction du vocabulaire chez un enfant, même à l’âge adulte.

2/ Les échanges de conversation ont été examinés, c’est-à-dire le degré d’interactivité du discours. Il s’agit d’un prédicteur du développement du langage et social, car l’enfant apprend qu’il a quelque chose à contribuer à l’interaction ainsi qu’aux normes sociales de base des interactions sociales.

3/ La réactivité maternelle a été examinée, c’est-à-dire dans quelle mesure la mère répond aux sollicitations de l’enfant. Il s’agit d’une mesure de l’immédiateté de la réponse et de son impact. Par exemple, lorsque l’enfant dit « regarde, un camion », il n’y a pas de comparaison entre une réponse comme « oui, c’est bien » et une réponse comme « correct, c’est un camion rouge, comme celui qu’on a vu hier ». Cette mesure est à la base de presque tous les aspects du développement de l’enfant : linguistique, social, émotionnel et cognitif.

« Nous avons constaté que les trois composantes de l’interaction mère-enfant étaient réduites d’un facteur de deux à quatre par rapport au jeu libre ininterrompu, à la fois lorsque la mère lisait des magazines imprimés et naviguait sur son smartphone », explique le Dr Borodkin. «Autrement dit, les mères parlaient jusqu’à quatre fois moins avec leurs enfants lorsqu’elles étaient sur leur smartphone. De plus, elles ont moins échangé avec leurs tout-petits, ont fourni des réponses moins immédiates et adaptées au contenu et ont le plus souvent ignoré les sollicitations explicites des enfants. Même lorsqu’elles ont pu répondre en naviguant sur Facebook, la qualité de la réponse a été réduite – les mères ont réduit leur réactivité au strict minimum pour éviter une rupture complète de la communication avec le très jeune enfant ».

A noter : aucune différence n’a été trouvée entre la navigation sur un smartphone et la lecture de magazines.

« Nous n’avons pas trouvé qu’un média distrait plus que l’autre. Cependant, il est clair que nous utilisons les smartphones beaucoup plus que tout autre média, ils représentent donc une menace importante pour le développement. Il convient de noter que nous n’avons actuellement aucune preuve de recherche suggérant un effet réel sur le développement de l’enfant lié à l’utilisation des smartphones par les parents, car il s’agit d’un phénomène relativement nouveau. Cependant, nos résultats indiquent un impact négatif sur les fondements du développement de l’enfant. Les conséquences d’une interaction mère-enfant inadéquate peuvent être d’une grande portée ».

Le Dr Borodkin conclut : « Dans nos recherches actuelles, nous nous sommes concentrés sur les mères, mais nous pensons que nos résultats caractérisent également les interférences de communication entre les pères et leurs tout-petits, car les modes d’utilisation des smartphones sont similaires chez les hommes et les femmes, ce qui nous permet d’estimer avec une forte probabilité que les résultats de la recherche sont identiques chez les pères et chez les mères ».

https://youtu.be/TERGNr-v-Z

Publié dans Journal of Child Development

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