Jordanie, Israël, AP, Iran, Turquie… Inauguration du synchrotron SESAME, le « CERN » du Moyen-Orient

SESAME main ring SESAME main ring

Le laboratoire du Rayonnement synchrotron pour la science expérimentale et ses applications au Moyen-Orient, SESAME [Synchrotron-light for Experimental Science and Applications in the Middle East], qui comprend une source lumineuse de troisième génération, a ouvert ses portes aujourd’hui, près de Amman (Jordanie), où il accueillera des scientifiques venus de Chypre, d’Egypte, d’Iran, d’Israël, de Jordanie, du Pakistan, de l’Autorité palestinienne et de Turquie. Le Vice-président de SESAME est le Pr Eliezer Rabinovici, Université Hébraïque de Jérusalem, Israël.

L’Union européenne a financé le projet SESAME à hauteur de 15 millions euros.

Les sources de lumière utilisées au synchrotron SESAME sont des flashes géants combinés à des microscopes très puissants, utilisés pour analyser les propriétés de la matière, et faire avancer la recherche dans divers domaines : environnement, médecine, biologie, chimie, archéologie. SESAME vise aussi à doter les chercheurs de la région d’un équipement technologique de pointe afin d’enrayer la fuite des cerveaux vers les pays du nord.

Ce centre a pour vocation de favoriser la recherche et la coopération scientifique au Moyen-Orient par-delà les clivages dans la région. Il a également été conçu afin de juguler la fuite des cerveaux et encourager les jeunes talents prometteurs à poursuivre leur cursus scientifique dans l’enseignement supérieur, contribuant ainsi au développement d’une économie fondée sur la connaissance.

Sesame Eliezer RabinoviciPr Eliezer Rabinovici, Vice-président de SESAME, Université Hébraïque de Jérusalem, Israël

Depuis sa création à l’UNESCO en 1999, SESAME est devenu un modèle de diplomatie scientifique. Des partenaires du monde entier ont mis de côté leurs différences pour partager leurs connaissances et leurs ressources afin de faire avancer la science. Il abrite également le premier accélérateur alimenté uniquement par l’énergie solaire.

SESAME est à présent une organisation intergouvernementale pleinement indépendante, dont les statuts sont déposés à l’UNESCO, qui a soutenu son développement depuis le début.

Tout comme l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), qui est également née d’une décision de l’UNESCO, SESAME montre qu’avec le soutien politique de l’UNESCO, de la patience et un travail assidu, des scientifiques peuvent créer une installation de recherche de haut niveau malgré les conflits qui affectent leur région.

« L’ouverture de SESAME est le résultat d’un travail de longue haleine, de beaucoup de patience, mais surtout, l’aboutissement d’un rêve et d’une vision partagés par quelques pionniers qui se sont rencontrés, il y a vingt ans au siège de l’UNESCO, pour lancer ce projet », a déclaré Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, lors de la cérémonie d’ouverture.

« L’UNESCO a été créée pour promouvoir la paix et la sécurité en favorisant la collaboration internationale par l’éducation, la science et la culture. L’ouverture de SESAME incarne pleinement cette vision », a ajouté la Directrice générale. « C’est pour de tels projets que nous existons, pour montrer l’importance de la coopération internationale, pour encourager de telles initiatives au stade de la gestation, les accompagner et les aider à se développer ».

14th SESAME Users Meeting, © CERN

« L’ouverture de SESAME marque l’accomplissement de nombreux espoirs et de nombreux rêves », a déclaré Chris Llewellyn Smith, Président du Conseil de SESAME. L’espoir qu’un groupe de jeunes gens à l’origine inexpérimentés pourrait construire SESAME et le faire fonctionner, et ils l’ont fait […]. L’espoir que, grâce aux programmes de formation de SESAME, un grand nombre de physiciens aient recours à SESAME. C’est le cas. […]. Et l’espoir que les différents Membres puissent travailler en harmonie ».

Au cours des dernières décennies, la puissance du rayonnement synchrotron en a fait un outil essentiel pour étudier la matière d’une échelle variant des cellules biologiques aux atomes, en utilisant tout type de rayonnement de l’infrarouge aux rayons X. SESAME possèdera plusieurs faisceaux conçus pour produire de la lumière avec des caractéristiques adaptées aux différents types de recherches.

Trois sources de rayonnement seront opérationnelles d’ici la fin de l’année et une quatrième d’ici 2019, permettant des recherches dans de nombreux domaines comme la création de nanomatériaux pour l’énergie solaire ou les matériaux intelligents, le développement de nouveaux médicaments, traitements et mécanismes d’administration de médicaments, le décryptage des mécanismes de fonctionnement des protéines et des acides nucléiques au niveau moléculaire ou encore l’analyse des manuscrits, des papyrus ou des tableaux de manière non invasive.

Plusieurs centaines de scientifiques, travaillant dans les sciences biologiques, médicales, physiques, environnementales et dans l’archéologie devraient commencer à utiliser SESAME dans le courant de l’année. SESAME a reçu 55 propositions pour utiliser ses deux premières stations expérimentales ou faisceaux. La plupart des utilisateurs seront basés dans des universités ou des centres de recherche au Moyen-Orient et dans les régions limitrophes. Ils se rendront régulièrement dans le laboratoire pour conduire des expériences, souvent en collaboration avec des scientifiques venus d’autres pays.

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Le porte-parole du Ministère français des Affaires étrangères a tenu à préciser : « la France salue l’inauguration du centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME) le 16 mai en Jordanie. Ce centre de recherches international, qui constitue le premier accélérateur de particules entièrement alimenté par l’énergie solaire, réunira des scientifiques de plusieurs pays, dont Chypre, l’Egypte, Israël, l’Iran, la Jordanie, le Pakistan, les Territoires palestiniens et la Turquie. Il constitue le modèle de ce que les coopérations dans la région peuvent avoir de prometteur et de plus novateur. Fort de l’exemple que constitue le centre européen de recherche nucléaire (CERN), l’Union européenne a apporté un soutien constant au projet SESAME qu’elle a financé à hauteur de 15 millions euros. Le centre national de la recherche scientifique (CNRS) a également participé à la création du centre en cédant du matériel scientifique et en formant plusieurs personnels à l’exploitation du synchrotron« .

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