Universités de Haïfa et Tel Aviv : l’ONG TiME continue d’acheter des habitats d’espèces menacées d’extinction

Atoll de Turneffe Atoll de Turneffe

Sauver la biodiversité et achetant des zones où vivent des espèces en danger de disparition. C’est la courageuse mission que s’est fixée l’ONG israélienne TiME (This is My Earth) fondée par l’université de Haïfa et rejointe ensuite par l’université de Tel Aviv. Il s’agit cette fois d’une zone dans les Caraïbes, un récif corallien de 5 hectares sur l’atoll de Turneffe, au large de la côte du Belize. Les espèces en danger d’extinction dans la région comprennent la tortue imbriquée et la tortue luth et les mérous de Goliath, et d’autres espèces d’animaux et de flore marine.

L’emplacement stratégique de ce récif, qui va devenir une réserve naturelle, empêchera les promoteurs d’établir de grandes entreprises touristiques ou économiques dans toute la région. TiME préservera donc une zone beaucoup plus vaste. Conformément à ses principes, la zone ne sera pas détenue par TiME mais transférée à une organisation locale, Turneffe Atoll Trust (TAT), afin d’éviter le phénomène de colonialisme vert.

Esther Amar, fondatrice et directrice de Israël Science Info, précise :  « le colonialisme vert, qui consiste à acquérir des terres pour les protéger contre les activités humaines, part souvent d’une bonne intention mais peut provoquer des réactions sociales imprévisibles. La démarche de TiME, qui transfère le droit de propriété à des organisations locales, montre le très haut niveau d’éthique de cette ONG et la clarté de ses objectifs ».

Atoll de Turneffe

Atoll de Turneffe

Pour cette troisième année consécutive, les membres TiME ont donc réussi à collecter des fonds pour acheter une zone et la transformer en réserve naturelle, sauvant ainsi les espèces qui y vivent et qui sont menacées de disparition. Cette année, pour la première fois, TiME achètera une zone maritime – un récif corallien au large des côtes du Belize. Les membres de l’organisation – ouverte à tous et à tous les âges – contribueront ainsi à sauver les tortues à écailles (Eretmochelys imbricata), les tortues luth, les mérous goliath, et d’autres espèces d’animaux et de flore maritime, à des stades divers de risque d’extinction.

Uri

Pr Uri Shanas

«Jusqu’à présent, nous avions sauvé des zones terrestres mais, pour la première fois, nous avons la possibilité de sauver une zone de mer. L’atoll – une île créée sur la base d’un récif de corail – est d’une beauté incroyable, et de nombreux promoteurs seraient heureux d’acheter cette zone et de l’exploiter. Cela nuirait certainement aux espèces qui y vivent, qui font déjà face à une menace d’extinction réelle », a expliqué le Pr Uri Shanas, fondateur de TiME.

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Pr Alon Tal

TiME est une organisation démocratique et internationale qui permet à tout individu, quel que soit son âge, de contribuer selon ses capacités, à partir d’un dollar seulement. Chaque membre dispose d’un vote égal indépendamment de son don. Chaque année, les membres de l’organisation se voient présenter dans le monde entier trois zones, choisies par le comité scientifique, qui abritent un large éventail d’espèces en péril. Les membres votent pour décider quelle zone sera achetée et deviendra une réserve naturelle gérée par une organisation locale. TiME a été créée il y a trois ans par le Pr Shanas du département de biologie et de l’environnement de l’Université de Haïfa à Oranim, et a été rejoint par le Pr Alon Tal de l’Université de Tel Aviv.

«Comme nous l’avions expliqué lors du lancement du projet, 2,3% de la Terre sont définis comme des points chauds de la biodiversité dotés de diverses richesses biologiques, y compris des espèces de la flore et de la faune en voie de disparition. Même les zones relativement petites que nous achetons peuvent contribuer de manière significative à la protection de nombreuses espèces. Nous montrons à nouveau que cette méthode, au départ perçue comme naïve, fonctionne réellement et parvient à modifier la réalité. Aux côtés des institutions éducatives – écoles élémentaires, universités – qui nous ont reconnus ces dernières années, les entreprises privées et les autorités locales ont également commencé à s’intéresser et à nous reconnaitre. Cette évolution de la société israélienne est très encourageante. En plus de faire passer notre message, TiME a pour objectif de donner aux gens des outils de participation et de leur permettre de ressentir la satisfaction que procure le fait de travailler pour sauver la Terre », a conclu le Pr Shanas.

Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info

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