Evolution : le chaînon manquant, un fragment de crâne humain datant de 55 000 ans, mis à jour en Israël

The 55,000-year-old anatomically modern human skull found in the cave. Photo: Clara Amit, Israel Antiquities Authority The 55,000-year-old anatomically modern human skull found in the cave. Photo: Clara Amit, Israel Antiquities Authority

Les Européens modernes ont hérité d’environ 4 % de gènes des Néandertaliens, ce qui signifie que les deux groupes se sont accouplés à un moment clé dans le passé. Mais la question qui taraudait la communauté scientifique depuis des décennies est, où et quand ? On savait que l’homme moderne et l’homme de Néandertal s’étaient retrouvés au même endroit au même moment, mais aucune preuve physique n’avait été apportée jusque là. La découverte stupéfiante de chercheurs israéliens pourrait bien être la réponse tant attendue. Ils ont découvert un fragment de crâne humain dans la grotte préhistorique Manot (Galilée, Israël).

Recouvert d’une patine de minerais produits par les conditions humides de la grotte, les chercheurs ont pu utiliser des techniques de datation à l’uranium-thorium et déterminer qu’il se situait entre 50 000 à 60 000 années. Ce qui indique que la population humaine originaire d’Afrique aurait migré il y a 65 000 ans. Une analyse morphométrique montre qu’il s’agit du crâne d’un homme moderne ayant des similitudes avec les crânes modernes d’Afrique, d’une part, et les anciens crânes de l’homme moderne d’Europe de l’autre. Le volume du cerveau contenu dans ce crâne était relativement faible, environ 1 100 millilitres, alors que le cerveau moyen moderne atteint environ 1 400 millilitres. Selon les chercheurs, cette découverte est l’une les plus importantes dans l’étude de l’évolution de l’humanité. Elle éclaire une période cruciale : celle de l’apparition de l’homme moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui. Elle remet en question l’hypothèse communément admise jusqu’ici, que les deux espèces s’étaient rencontrées il y a 45 000 années quelque part en Europe.

L’étude a impliqué des chercheurs de l’Université de Tel Aviv (Israel Hershkovitz, Viviane Slon) et de l’Université Ben Gourion du Néguev (Ofer Marder). Mais aussi Avner Ayalon, Gal Yasur et Myriam Bar-Matthews de la Commission géologique d’Israël, l’Institut Weizmann des Sciences, Amos Frumkin, Alan Matthews et Mae Goder-Goldberger de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Guy Bar-Oz et Reuven Yeshurun de l’Université de Haïfa, Gerhard W. Weber de l’Université de Vienne, de l’Université de Harvard, Bruce Latimer et Mark G. Hans de l’université Case Western Reserve, Elisabetta Boaretto, Bridget Alex, Philipp Gunz et Valentina Caracuta de l’Institut Max Planck, Ralph L. Holloway de l’Université de Columbia, Francesco Berna de l’Université Simon Fraser, Daniella Bar-Yosef Mayer et Hila May du musée Steinhardt d’histoire naturelle (Israël) et Omry Barzilai de la haute autorité des antiquités d’Israël.

Publication Nature, 28 janvier 2015

Retrouvez cet article dans Israël Science Info n° 16

Israël Science Info