Weizmann (Israël) : emphysème, bronchite, asthme, mucoviscidose, vers la guérison grâce aux cellules souches

De nouvelles cellules pulmonaires sont continuellement créées pour remplacer celles qui sont endommagées : le tissu pulmonaire six semaines après la transplantation de cellules souches (à g.) et 16 semaines après la transplantation (à d.) De nouvelles cellules pulmonaires sont continuellement créées pour remplacer celles qui sont endommagées : le tissu pulmonaire six semaines après la transplantation de cellules souches (à g.) et 16 semaines après la transplantation (à d.)

Les maladies des voies respiratoires, comme l’emphysème, la bronchite, l’asthme et la mucoviscidose, sont la deuxième cause de décès dans le monde. Rien qu’aux Etats-Unis, plus de 35 millions de personnes souffrent d’une maladie respiratoire chronique. Des chercheurs de l’Institut Weizmann suggèrent une nouvelle orientation qui pourrait, à l’avenir, conduire au développement d’une méthode permettant d’alléger en partie leur souffrance. Les résultats de ces recherches montrent comment on pourrait utiliser les cellules souches embryonnaires pour améliorer l’état du tissu pulmonaire.

Cette recherche s’est d’abord basée sur une observation. Certaines cellules souches se trouvant normalement dans les poumons ont une grande ressemblance avec celles de la moelle osseuse. Dans chaque organe, les cellules souches ne sont pas dispersées dans les tissus, mais elles sont concentrées dans des compartiments spécifiques contenant tous les éléments qui leur sont nécessaires. Voici ce qu’explique le professeur Yair Reisner, du département d’Immunologie de l’Institut Weizmann : « Ces données nous ont suggéré la possibilité d’utiliser nos connaissances techniques en matière de greffe de cellules souches de moelle osseuse pour combattre les maladies du tissu pulmonaire. »

La greffe de moelle osseuse se base sur deux principes essentiels : d’une part la capacité des cellules souches de circuler dans le sang jusqu’au compartiment adéquat, et d’autre part le nettoyage préalable du compartiment pour laisser la place aux cellules souches greffées. Le professeur Reisner et son groupe ont considéré qu’il pouvait être possible d’appliquer ces principes à l’introduction de nouvelles cellules souches dans les poumons. Mais avant tout, il leur fallait trouver une source de cellules souches pulmonaires adaptées à la greffe, ce qui pose problème car elles sont très rares.

Le groupe a surmonté cet obstacle en utilisant des cellules souches embryonnaires des 20ème–22ème semaines. Leur recherche a montré que c’est le laps de temps idéal pour récolter les cellules : les cellules plus jeunes n’ont pas encore complété le processus de différentiation, et les cellules plus âgées peuvent difficilement régénérer les poumons. Les chercheurs ont ensuite mené une série d’expériences au cours desquelles ils ont nettoyé les compartiments des poumons contenant des cellules souches à l’aide d’une méthode qu’ils avaient développée, pour ensuite injecter les nouvelles cellules souches dans des modèles murins de lésions pulmonaires. Les cellules souches embryonnaires ont réussi à arriver jusqu’aux poumons par les voies sanguines, et à s’installer dans les compartiments adéquats. En six semaines, ces cellules se sont différenciées en tissus pulmonaires normaux. Les poumons malades des souris se sont rétablis, et leur respiration s’est notablement améliorée.

Le professeur Reisner espère être en mesure d’établir le dosage approprié de médicaments nécessaires pour empêcher le rejet des cellules greffées. Il ajoute : « En fait, ce que nous projetons à la suite de cette réussite, c’est la création d’une banque de tissu pulmonaire qui servira de ressource pour les greffes de cellules souches pulmonaires embryonnaires. »  Cette banque pourrait être une source disponible de cellules permettant de réparer les dommages causés par ces graves maladies respiratoires.

Publication dans Nature Medicine, 13 juillet 2015

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