Sciences et Avenir. Dr Yoram Vardi (Rambam, Israël) : des ondes de choc pour améliorer les fonctions érectiles

Dr Yoram Vardi, directeur du service d'urologie du Rambam Medical Center à Haifa (Israël) Dr Yoram Vardi, directeur du service d'urologie du Rambam Medical Center à Haifa (Israël)

Traiter les troubles de l’érection par des séances d’administration d’ondes de choc sur les tissus érectiles du pénis est l’une des pistes les plus prometteuses en la matière. Le Pr François Giuliano, président de la Société européenne de médecine sexuelle, apporte son éclairage. Traiter les troubles de l’érection à coups d’ondes de choc, c’est l’une des stratégies les plus prometteuses depuis l’invention du Viagra, il y a 15 ans. « Il pourrait s’agir d’une évolution majeure dans la prise en charge de la dysfonction érectile, nous explique le Pr François Giuliano, président de la Société européenne de médecine sexuelle. À condition que la recherche soit bien menée, » précise le chercheur également praticien à l’hôpital Raymond-Poincaré. Le sujet a, en tous cas, occupé les spécialistes réunis à Madrid pour le congrès annuel de la Société européenne de médecine sexuelle au début du mois de février 2016.

Des effets bénéfiques durables contrairement au Viagra

La technique consiste à traiter les tissus érectiles du pénis en y appliquant directement des ondes de choc de faible intensité. « Une stratégie apparue à la toute fin des années 2000 que l’on doit au Dr Yoram Vardi », directeur du service d’urologie du Rambam Medical Center à Haifa (Israël). « C’est un traitement tout à fait innovant en la matière car ses effets perdurent dans le temps au contraire des solutions pharmacologiques qui existent comme le Viagra », précise le Pr Giuliano.

La dysfonction érectile se définit par l’incapacité permanente ou récidivante à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour l’accomplissement de l’acte sexuel. En effet, actuellement, les traitements contre les troubles de l’érection sont symptomatiques, avec des effets ponctuels. « Certains protocoles utilisant un certain type de machine à ondes de choc ont montré que l’effet pouvait perdurer un an après la fin du traitement », explique le spécialiste. Mais la technique en est encore à ses balbutiements et il reste énormément de données à évaluer (quel type de machine correspond à quels effets, sur quel profil de patient, etc.). Les spécialistes des troubles de l’érection sont actuellement dans une phase prospective où chaque paramètre doit être évalué. « On sait que c’est efficace, mais on ignore encore comment exactement et pourquoi », avertit François Giuliano.

Un mécanisme encore mystérieux

En effet, le mécanisme sous-jacent à l’amélioration de la fonction érectile constatée auprès de « plusieurs milliers de patients » reste encore floue. « L’hypothèse la plus probable – mais non démontrée – est que les micro-traumatismes provoqués par les ondes de choc stimulent la prolifération de nouveaux vaisseaux sanguins. C’est un processus de néoangiogenèse », détaille le médecin. Une autre hypothèse postule que les ondes auraient un effet sur des mécanismes antioxydants.

En plus de son caractère plus durable, le traitement par ondes de choc présente aussi l’avantage du faible risque d’effets secondaires. « A priori, il n’y en a quasiment pas, notamment car l’effet est purement local » au contraire du Viagra qui peut provoquer étourdissements, maux de tête, troubles visuels… « Mais là encore, il convient d’être très prudent, car il est trop tôt pour évaluer ces effets sur le long terme », ajoute le Pr Giuliano. « Le risque est de voir le nécessaire travail d’évaluation médicale pollué par les intérêts commerciaux des vendeurs de machines à ondes ultrasonores. Car chacun va chercher à placer son modèle sans base scientifique solide. » Un travers certes courant en médecine qui pourrait nuire à un traitement au potentiel révolutionnaire.

Auteur Hugo Jalinière

Source Sciences et Avenir

Israël Science Info