Leishmaniose et cancer : subvention ERC pour Bar-Ilan U., Weizmann et Pasteur pour étudier l’instabilité génomique

Le vecteur de la leishmaniose est un petit diptère, le phlébotome. Photo : Blass.com.au Le vecteur de la leishmaniose est un petit diptère, le phlébotome. Photo : Blass.com.au

Le Conseil européen de la recherche (ERC) a accordé une subvention ERC Synergy de 8,6 millions d’euros à l’Institut Pasteur, à l’Université Bar-Ilan et à l’Institut Weizmann des sciences pour un projet qui générera un aperçu sans précédent du rôle de l’instabilité du génome dans l’adaptation eucaryote en combinant évolution expérimentale, analyses, biologie des ARN et modélisation des réseaux. La subvention Synergy, la première accordée en parasitologie, sera menée conjointement par trois chercheurs principaux : le Pr Gerald Spaeth (Institut Pasteur, France), le Pr Shulamit Michaeli (Université Bar-Ilan) et le Pr Yitzhak Pilpel (Weizmann Institute of Science ).

La leishmaniose est une maladie transmise par le parasite leishmania et peut être mortelle si elle n’est pas traitée. Le parasite est présent dans 88 pays, y compris au Moyen-Orient. Douze millions de personnes sont actuellement infectées par la maladie et un milliard sont à risque d’infection.

La leishmaniose est l’une des cinq maladies infectieuses que l’Organisation mondiale de la santé s’efforce d’éradiquer.

La leishmaniose est un prototype idéal pour étudier l’instabilité génomique qui caractérise également d’autres maladies infectieuses et le cancer. Lorsqu’ils sont exposés à des changements d’environnement, y compris des médicaments antiparasitaires, les parasites modifient leur génome. Les gènes peuvent être « supprimés » ou subir une amplification pour les aider à faire face à ces défis.

Cette instabilité est avantageuse pour le parasite, mais en même temps, des gènes exprimés en grande quantité peuvent entraîner une toxicité. En exploitant la biologie unique du parasite protozoaire leishmania comme système modèle, le projet découvrira le filtre biologique qui peut atténuer les effets toxiques de l’instabilité du génome tout en favorisant les effets bénéfiques pour le gain de forme physique. Le projet de six ans (2023-2029) applique l’évolution expérimentale in vitro et in vivo dans le but de découvrir de nouveaux mécanismes d’adaptation génomique et épistatique de la leishmanie sous-jacents au gain de forme physique.

Les modifications dynamiques du génome et du transcriptome seront cartographiées au niveau des cellules individuelles, des clones et de la population chez les parasites leishmania évoluant vers une meilleure forme physique en culture, chez les animaux infectés et en réponse à des facteurs de stress tels que les médicaments anti-leishmaniens. Cette subvention ERC Synergy Grant fournira ainsi un plan pour étudier comment l’instabilité chaotique du génome est contrôlée et exploitée pour l’adaptation, en particulier pour échapper à des conditions environnementales défavorables. Combinant leur expertise multidisciplinaire en génomique, évolution et biologie de l’ARN, les chercheurs pensent pouvoir tirer parti de ces connaissances pour comprendre un phénomène qui n’est pas seulement une propriété de la leishmanie, mais qui peut également expliquer l’avantage de l’instabilité génomique dans le cancer.

Le Pr Shulamit Michaeli, vice-président pour la recherche de l’Université Bar-Ilan et chercheur à la faculté Goodman des sciences de la vie, est un expert de renommée mondiale sur la leishmaniose et la maladie du sommeil causée par le parasite trypanosome. Récemment, son laboratoire a découvert de nouvelles molécules d’ARN non codantes chez ces parasites, notamment une molécule d’ARN antisens (complémentaire d’un ARN messager). Le Pr Yitzhak Pilpel, chef du département de génétique moléculaire à l’Institut Weizmann des sciences, est un bio-informaticien qui a étudié des questions similaires dans des modèles de bactéries et de levures et a l’intention d’utiliser les outils qu’il a développés pour comprendre le phénomène du génome instable dans leishmanie.

Le Pr Gerald Spaeth est directeur de recherche à l’Institut Pasteur de Paris, où il dirige l’unité de parasitologie moléculaire et signalisation et le département Parasites et insectes vecteurs. Réagissant à l’obtention de la subvention, le Pr Michaeli a déclaré : « Comme nous l’avons vu pendant le COVID, la molécule d’ARN peut sauver des vies. Des gènes uniques qui se trouvent dans les parasites mais pas chez les personnes malades sont une source d’espoir pour le développement d’un traitement à base d’ARN. contre les maladies mortelles ». Le Pr Pepper a souligné que puisque le parasite leishmania est si différent dans la façon dont il contrôle l’activité des gènes, il prédit que la recherche sur cet organisme fera grandement progresser la science.

Les subventions Synergy soutiennent de petits groupes de chercheurs principaux pour résoudre conjointement des problèmes de recherche ambitieux qui ne pourraient pas être résolus par les chercheurs principaux individuels et leurs équipes travaillant seuls. La recherche transformatrice financée par Synergy Grants a le potentiel de devenir une référence à l’échelle mondiale. Au total, 29 recherches dans 19 pays d’Europe et d’ailleurs ont reçu la subvention ERC Synergy Grant. Selon l’ERC, Israël est le troisième pays où sont basés les chercheurs principaux de cette année.

———————

Lire aussi

L’Université Bar-Ilan (Israël) espère commercialiser bientôt un nanotraitement qui mène le parasite de la leishmaniose à s’autodétruire

 

Israël Science Info