Malnutrition en Afrique : un lycée israélien crée un mode de production économique de la spiruline

Parmi les conséquences de la crise écologique mondiale, la malnutrition est probablement la plus grave car elle touche les nouvelles générations. Plus de 6 millions d’enfants de moins de cinq ans en meurent chaque année et des millions de personnes souffrent de séquelles durables : infirmités, vulnérabilité chronique aux maladies et handicaps psychomoteurs. Au moins 5 millions d’enfants sont menacés de malnutrition en Afrique, dont près de 400000 au Niger et au Tchad, 350000 en Ethiopie, près de 300000 au Mali et au Burkina Faso, 200000 au Sénégal et 150000 à Madagascar.

Pour contribuer à la lutte contre ce fléau, le Lycée hébraïque de Hertzliya (Hertzliya Hebrew Gymnasium High School) a développé un système de production simple et à bas coût de l’algue spiralée Spiruline grâce au projet JustSpirulina. De plus les lycéens israéliens transmettent leurs connaissances aux lycéens africains et leur permettent ainsi de la produire en toute autonomie.

La spiruline est un micro-organisme bactérien classé dans la famille des “super aliments”, une cyanobactérie. Elle est considérée par l’OMS comme le meilleur aliment pour l’humanité au 21ème siècle et le plus complet du fait de sa composition : « cinq grammes de poudre déshydratée de spiruline par jour pendant un mois peuvent faire passer un enfant d’un état de malnutrition grave à un retour à une bonne santé », a déclaré la lycéenne Miki Sabir-Kadom à TOI. La spiruline est commercialisée comme complément alimentaire : une cure d’un mois en Israël coûte environ 150 shekels (37 euros).

La spiruline, un super aliment

La spiruline, faible en calorie, contient une grande quantité de protéines, d’antioxydants (caroténoïdes, phycocyanine) et d’acide gamma-linolénique (issu de la famille des oméga-6). Elle est aussi (gourmet-spiruline) :

– un végétal, organisme photosynthétique,
– une algue, végétal sans différenciation en racines, branches et feuilles,
– une microalgue, algue microscopique – chaque spiruline a 0,3~0,5 mm de longueur typique et est donc individuellement invisible à l’oeil nu,
– un plancton, c’est-à-dire un organisme « errant », vivant en suspension dans un milieu aqueux, sans attachement à un substrat,
– et même un phytoplancton, plancton végétal,
– une cyanobactérie, c’est-à-dire une bactérie photosynthétique,
– une cyanophycée, unique classe des cyanobactéries

Les anciens forment les nouveaux

Zeev Degani

Zeev Degani

Il y a quelques années, le directeur de l’école, Zeev Degani, avait lancé un défi à ses élèves : développer un projet humanitaire basé sur la solidarité et la responsabilité individuelle au sein de la communauté mondiale. La classe a décidé de se concentrer sur la malnutrition et a identifié la spiruline comme un produit offrant un potentiel énorme pour lutter contre ce problème. L’école a soutenu les efforts des élèves en leur fournissant un laboratoire et des fournitures pour développer le produit, et le personnel du département des sciences a été chargé de superviser le projet. Les étudiants ont recherché des méthodes de culture efficaces et rentables et ont mis au point un protocole de culture innovant et une nouvelle approche de diffusion de ces connaissances par le biais d’une formation par les porteurs du projet eux-mêmes.

L’école a fait venir de la spiruline de l’étranger pour développer des méthodes afin de créer un système de production de masse de la spiruline.

Les élèves et le personnel du lycée ont aidé à mettre en place la production de spiruline dans des écoles en Afrique du sud, au Rwanda, en Ethiopie, au Kenya et en République Démocratique du Congo (RDC) où des centaines de milliers d’enfants souffrent de malnutrition aigüe sévère. La RDC est l’un des pays au monde qui connaît le taux d’enfants malnutris le plus élevé : c’est le 15ème pays en termes de prévalence. Au total, 80% de provinces de la RDC sont affectées par la malnutrition (source digitalcongo).

JustSpirulina au Rwanda

Les lycéens du projet JustSpirulina ont collaboré avec la municipalité de Kigali au Rwanda, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’ONG YaLa Africa pour intégrer la spiruline dans le programme d’alimentation scolaire, pour la rendre directement et facilement accessible au plus grand nombre possible d’enfants. Un espace de culture et de formation de la spiruline a été créé au centre de santé et de nutrition Gatenga à Kigali, où nutritionnistes, agronomes, professionnels de la santé et mères ont découvert la valeur nutritionnelle de la spiruline. Des sites de culture de la spiruline ont été installés dans des écoles de Kigali : College St. Andre ; Groupe Scholaire Masaka et Kimironko, où, en octobre 2015, les lycéens israéliens avaient formé des élèves de ces écoles à la culture, à la récolte et à la préparation de la spiruline.

Résumé du discours de Zeev Degani, Directeur du Lycée Hébraïque de Hertzliya, à la Knesset (Parlement israélien) où il avait été invité avec ses élèves à présenter leur projet JustSpirulina :

« Au lycée Hertzliya, un accélérateur est à la disposition des élèves pour leur permettre de développer des innovations. Toute solution développée appartient aux élèves et est transmise progressivement aux nouveaux par les anciens lorsqu’ils quittent le lycée. Les élèves ont choisi de développer une solution qui permet de produire à coût réduit la spiruline. Ce choix a été effectué après avoir pris connaissance de la gravité du fléau que constitue pour les enfants de moins de 5 ans des pays africains touchés par la malnutrition et par les séquelles laissés aux survivants. Nos lycéens ont été choqués par l’indifférence des populations des pays nantis face à l’ampleur du problème. Avoir évalué les atouts exceptionnels de la spiruline pour traiter les enfants ayant subi la malnutrition, les élèves ont décidé de développer une solution innovante de production à froid de la spiruline pour éviter qu’elle perde ses qualités. Une fois le procédé mis au point le savoir a été transmis à des partenaires en Afrique : des lycéens se sont engagés à exploiter les stocks produits au profit des enfants souffrant de malnutrition et à transmettre leur savoir à d’autres lycéens sur le même modèle. De proche en proche, la chaine des lycéens a touché des dizaines de milliers d’enfants et les a guéris.»

Ezra Banoun et Esther Amar pour Israël Science Info

Israël Science Info