Israël Valley : rencontre avec François Matraire, directeur Pays Ubifrance Israël

François Matraire, Conseiller commercial à l’Ambassade de France en Israël et directeur Pays, Ubifrance Israël François Matraire, Conseiller commercial à l’Ambassade de France en Israël et directeur Pays, Ubifrance Israël

Quels sont les objectifs d’Ubifrance Israël pour les prochaines années?
Depuis 2010, Ubifrance dispose en Israël de son propre bureau composé d’une équipe de 6 experts sectoriels. Le Bureau Ubifrance de Tel Aviv a une particularité unique au monde depuis l’été 2014 : il dispose d’un poste spécialisé dans l’innovation en la personne d’Aurèlie Guthman, représentante officielle de Bpifrance pour Israël.

Créé il y a dix ans par la fusion et refonte de divers organismes, Ubifrance est l’agence publique française de soutien au développent international des entreprises. C’est l’une des plus importantes agences de ce type au monde Elle dispose à présent de 80 bureaux dans 70 pays . Elle compte 1200 collorateurs répartis entre ces bureaux , son siège à Paris et ses diverses implantations en région. Depuis cette année, l’Agence est passée sous la tutelle du Ministère des Affaires étrangères, après avoir été sous celle du ministère de l’économie.

Quels ont été les acquis d’Ubifrance Israël ?
L’an dernier 120 PME et ETI françaises (entreprises de taille intermédiaire) ont été accompagnées physiquement par nos services au travers d’actions concrètes et sur mesure de mise en relation avec des partenaires Israéliens. L’année prochaine, nous espérons maintenir le même niveau d’activité. En dépit de la conjoncture difficile de cet été, nous restons relativement optimistes.

Quelle est votre feuille de route?

Nous avons 4 objectifs prioritaires:
1er axe identifier l’innovation israélienne et développer des partenariats technologiques et commerciaux. L’objectif est de créer des synergies au bénéfice des entreprises françaises et Israéliennes dans une optique gagnant-gagnant, dans les secteurs des biotechnologies, sciences de la vie, technologies de l’information, robotique, technologies des transports intelligents et des cleantechs-greentechs.

Deux rendez vous à ne pas manquer: La Journée de l’Innovation France Israël le 16 décembre à Paris, la troisième édition du genre, après le grand succès des éditions de 2013 à Tel Aviv et 2012 à Paris. Cet événement comportera un volet important de mise en relation au travers de B2B et sera l’occasion d’anoncer officiellement les projets innovants franco-israéliens qui bénéficieront du nouveau programme bilatéral de financement de l’innovation (FIRAD). Cette action est la manifestation opérationnelle de ce que le dispositif publique met en place pour le soutien à l’innovation.

2ème axe: infrastructures et grands projets. Les grands projets israéliens sont très nombreurx et porteurs de belles opportunités pour les sociétés françaises, grandes comme petites. Transports urbains & Ferroviaires, Ports, Environnement, énergies renouvelables, hydrocarbures, sécurité, voici autant de secteurs dans lesquels les PME et ETI françaises excellent et peuvent apporter utilement leur savoir-faire à Israël. Elles y sont hélas encore sous représentées par rapport.

3ème axe : suivi du développement des grandes industries israéliennes.
Grace aux efforts industriels et d’innovation consacrés sur les dernières décennies, Israël est à présent l’un des pays leaders mondiaux dans des domaines aussi variés que l’aéronautique et le spatial, le secteur de l’eau, de l’électronique et dans les secteurs de la pharmacie. Les sociétés françaises disposent de technologies de pointe pouvant intéresser ces industries israéliennes. Nous comptons développer les partenariats commerciaux et technologiques entre nos PME et les géants israéliens de ces secteurs.

4ème axe : Développer le commerce courant.

Nous nous sommes déjà alarmés du fait qu’il est très en dessous de ce qu’il devrait être. Dans les secteurs des produits de santé, des Télécoms, des media, des services de la mode, de beauté et de l’agroalimentaires dans lesquels nous sommes très forts; il est peu légitime que nous soyons sous représentés en Israël; pour certains avec une image non justifiée des produits chers. Trop peu de produits français, en comparaison avec nos concurrents l’Espagne et l’Italie pénètrent le marché alors que la population reste avide de ces produits.

Qu’est ce que vous proposez comme programme pour rétablir l’image de la France en Israël et l’image d’Israël en France?

Nous mettons actuellement en place une stratégie agressive impliquant toutes les composantes de cette ambassade et mobilisant également l’ensemble de nos partenaires naturels, notamment les chambres de commerce bilatérales (France-Israël et Israël-France). Notre objectif est de parler et faire parler du marché israélien et de son tissu industriel afin de balayer les aprioris non légitimes qu’on a en France vis à vis d’Israël, « petit pays-petit marché », « marché captif des Etats Unis », Marché trop évolué pour les produits français », etc…

Israël, un hub Régional et mondial ?
C’est une planche de rebond vers d’autres marchés en situation gagnant-gagnant
Une mine des qualités, des savoir-faire, de création technologique et scientifique qui ne demandent qu’à être développés en complémentarité avec des entreprises françaises comprenant qu’on peut devenir des vrais partenaires.

Israël n’est pas un pays “acquis” aux Etats-Unis. C’est un pays qui est tourné naturellement vers l’Europe et qui aimerait développer des partenariats avec l’Europe. Il suffit de venir vers lui. C’est un vrai pays prioritaire sur lequel on peut compter. Le conflit va et vient. Il faut mettre les entreprises françaises devant les réalités. On peut travailler avec les entreprises israéliennes. Notre ambassadeur Patrick Maisonnave travaille d’arrache-pied pour présenter les atouts de notre collaboration comme c’était le cas récemment à Paris lors de la réunion annuelle des directions régionales de CPGME.

Quels sont les actions de soutien que vous proposez aux entreprises qui s’intéressent au marché israélien?

Nos équipes ultra professionnelles engagées sur le terrain sont des israéliens qui connaissent le terrain et le tissu local. Quelle que soit l’activité et le projet de la société française, nous sommes en mesure de lui proposer une prestation de soutien sous mesure et adaptée à ses moyens. Bien souvent d’ailleurs, ces actions de prospection et de mise en relation peuvent bénéficier d’aides publiques directes comme l’assurance prospection Coface, les aides export de Bpifrance ou encore des financements régionaux. Nous sommes là pour orienter les sociétés vers les aides les plus appropriées.

Enfin, en 2015 nous monterons une dizaine d’évènements collectifs d’accompagnement, tous secteurs d’activité confondus Dans le secteur agroalimentaire un effort tout particulier est consenti par l’ambassade, qui organisera en février 2015 la troisième semaine de la gastronomie française. Cette opération qui est , devenue un must est menée par l’Institut Français en coopération etrès étroite avec tous les services, surtout le Service Economique et le Bureau Ubifrance pour le volet commercial. Cette coopération vise à mettre en valeur l’excellence du savoir faire français dans tous les domaines de la gastronomie, et Ubifrance permettre alors au plus grand nombre de PME françaises de ces secteurs de pénétrer le marché israélien à des tarifs très subventionnés.

Une personne sur dix en Israël est francophone comment utilisez vous cette donnée.
Nous ne l’utilisons pas encore assez et je le regrette. Nous allons essayer de porter l’accent sur ce point mais pour l’instant c’est l’Institut Français qui est le principal lien entre la France et cette communauté francophone. Il diffuse cette culture via sa communauté Francophile, francophone et française, dont la fibre française est vive; le goût pour la cuisine française et pour la gastronomie française va remonter naturellement

Cette population peut servir de tête de pont entre l’Europe et Israël et comme tête de pont pour l’ouverture vers la paix ?

Je suis bien d’accord, et la paix commence bien souvent aussi par l’établissement de relations industrielles, commerciales et culturelles vivaces. J’espère bien modestement que nous sommes aussi instrumentaux dans ce processus en Israël.

Dans quels domaines spécifiques peut-on vraiment percer et accompagner un processus de paix ?
Nous pouvons obtenir des résultats en technologies de pointe, en biotechnologies, en infrastructure, en innovations et applications de l’innovation, En participant au salon BIOMED on peut amener des sociétés française qui apporteront leur expertise et chercheront des partenaires. Dans le domaine des infrastructure plusieurs projets sont menés par des grands groupes français tel que Egis Rail ou Systra. Nous avons également un tissu de PME qui savent apporter leur savoir faire dans le sillage de nos grands groupes si ces derniers viennent à remporter de grands contrats d’infrastructure. Cela dit, nous sommes pragmatiques et motivons aussi ces même PME à prospecter le marché « en solo », car elles peuvent toujours agir même si les grands projets ne sont pas remportés in fine par les grands champions français…

Finalement, par leur nombre et leur mode de fonctionnement, les PME apportent souvent plus de valeur ajoutée et génèrent plus d’emplois….

On peut développer des partenariats dans les secteurs des tramways, des lignes grande vitesse, de l’énergie, dans la construction verte et modulaire, etc.

Au colloque sur la robotique auquel nous contribueront aux cotés du service scientifique de cette ambassade, des sommités françaises et des entreprises seront invités pour venir apporter et greffer des partenariats aux belles sociétés israéliennes de la santé, mais aussi des industries aéronautiques telles IAI et Rafael. On peut développer des partenariats dans les technologies de pointe, de la Cyber technologie et de l’électronique.

Comment faire évoluer ces efforts dans le monde ?

Israël et le France doivent pouvoir joindre leurs forces et se soutenir pour atteindre des marchés dans le monde entier, en exportant des savoir- vivre, et des savoir-faire industriels, scientifiques et technologiques.

Vos objectifs personnels ?
J’ai fait le choix personnel de venir en Israël pour cette mission avec Ubifrance, en priorité à toutes autres destinations. Je ne pouvais pas me permettre de pas passer à côté de l’occasion unique pour découvrir ce pays d’une richesse unique. Israël est un univers des richesses infinies professionnelles et une aventure personnelle fantastique.

Interview réalisée par Carmela Serfaty Présidente Commission CCFI et Doron Dinai avocat, pour Israël Valley

Retrouvez cet article dans Israël Science Info n° 16

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