Technion, Université de Tel Aviv et Hôpital Bnai Zion : l’influence de l’environnement sur la taille à l’âge adulte

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Vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi vous n’êtes pas un peu plus grand. Or, il s’avère que ce n’est pas entièrement lié à la génétique. Une équipe de recherche israélienne a montré que l’environnement dans lequel on vit, de l’utérus jusqu’à environ l’âge de un an, détermine largement la taille d’un adulte. L’étude pionnière a été menée par des chercheurs du Technion, de l’Université de Tel Aviv et de l’Hôpital Bnai Zion, en collaboration avec les bureaux régionaux de la santé à Haïfa et Tel Aviv.

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Le tableau de croissance de l’enfant représenté par le trait plein, montre une transition de la petite enfance à l’enfance à l’âge de neuf mois, tandis que le tableau de croissance de l’enfant sur la ligne en pointillée montre une transition à l’âge de 20 mois. La différence de leurs tailles à 3 ans est de 10 cm (environ 4 pouces). Il n’y a pas eu de différences visibles entre eux aux stades de la petite enfance et de l’enfance, a part pour le moment de la transition entre ces phases. Cette nouvelle découverte montre que ce retard n’est affecté que par les conditions environnementales, et non par des facteurs génétiques.

Dirigée par le Pr Ze’ev Hochberg et le Dr Alina German, de la Faculté de Médecine Ruth et Bruce Rappaport du Technion, l’équipe a constaté que, bien que la génétique a un impact significatif sur la taille d’une personne, les éléments environnementaux aussi. Cela comprend l’environnement dans l’utérus, la nutrition, l’état de santé dans la première année de vie, les parents, la structure familiale, et les événements économiques et émotionnels.

« Des suites de la révolution génétique, il est aujourd’hui habituel d’attribuer nos traits personnels aux gènes», explique le Pr Hochberg. « En effet, il ne fait aucun doute que beaucoup de nos caractéristiques sont issues de notre génétique. Cependant, comme on le voit dans notre étude, les conditions environnementales ont un rôle très important – environ 50 % – dans la détermination de la croissance et de la taille ».

La gamme de différence entre les gens qui sont grandes ou petites est d’environ 25 cm (10 pouces) chez les hommes et d’environ 22cm (9 pouces) chez les femmes. La moitié de la variation est déterminée à une étape décisive de la croissance – quand l’enfant transite d’une croissance de petite enfance à celle de l’enfance et cette nouvelle étude montre que cette partie n’est due qu’aux conditions environnementales avant la naissance et pendant la petite enfance. Les chercheurs ont déterminé cette transition de phase dans 162 paires de jumeaux [56 paires de jumeaux identiques (qui ont des gènes identiques) et 106 paires de jumeaux fraternels (qui partagent seulement la moitié de leurs gènes)], et dans 106 paires de frères et sœurs non jumeaux, qui partagent également la moitié de leurs gènes.

«Les études sur les jumeaux nous permettent de tester l’équilibre entre les gènes et l’environnement», explique le Pr Hochberg. « La différence entre les jumeaux identiques et fraternels montre l’impact de la génétique. La, nous avons découvert la puissance remarquable de l’environnement dans le façonnement d’une personne. Cela s’appelle la plasticité dans le développement humain, ce qui signifie que les conditions environnementales telles que la nutrition de la mère et du bébé et les interactions sociales et familiales, peuvent influencer notre croissance et notre taille.»

Dans une perspective évolutionniste, disent les chercheurs, cette plasticité aide à «former» les caractéristiques afin de s’adapter aux conditions de vie futures, ces caractéristiques sont «prédites de manière adaptatives » à partir des conditions actuelles. Par exemple, « les enfants qui sont nés et grandissent dans un environnement de malnutrition seront plus petits, et nécessiteront donc moins de nourriture à mesure qu’ils vieilliront, tandis que les enfants nés dans un environnement bien nourris seront grand en vieillissant», explique le Pr Hochberg.

L’équipe de recherche comprenait également le professeur Zvi Livshitz, le Dr Ida Malkin et le Dr Peter Inga de l’Université de Tel-Aviv; le Dr Yonatan Dubnov et le Dr Hana Akones du Bureau régional de la santé de Haïfa, et le Dr Michael Shmoish du Centre Interdisciplinaire de Science de la Vie et d’Ingénierie Lorry I. Lokey au Technion.

Publication dans le Journal of Pediatrics, janvier 2015

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