Le Figaro : le film plastique de Tipa (Israël) est 100% biocompostable

La plupart des plastiques ne sont pas recyclables, notamment celui qui enveloppe tout, du muesli bio aux chaussettes. D’où l’idée d’un emballage entièrement biodégradable, commercialisé par une entreprise israélienne depuis 2016…

Ironie amère, le plastique mérite sa popularité : il isole vraiment nos sandwichs de l’environnement, dure toute la vie et au-delà. Et le recycler ne sauvera pas les baleines : nous avons beau jeter religieusement les bouteilles dans des bacs de tri sélectif, le fait est que la plupart des plastiques ne sont même pas recyclables. Parmi ceux-ci, celui qu’on ne remarque même pas est peut-être le pire: le film plastique qui enveloppe tout, du muesli bio aux chaussettes.

Aucune technologie efficace n’existe pour les recycler. Si nous les jetons avec les bouteilles, les usines de recyclage se débarrassent du problème en extrayant mécaniquement les bouteilles et jetant le reste à la décharge, explique Merav Koren. Elle est directrice du marketing de Tipa, une entreprise basée en Israël qui vise à changer tout cela en fabriquant un film d’emballage 100 % compostable. «Les films Tipa ressemblent à du plastique et se comportent comme du plastique, mais finissent leur vie comme une peau d’orange», selon Merav Koren, directrice du marketing de Tipa.

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Merav Koren

«Les films Tipa ressemblent à du plastique et se comportent comme du plastique, mais finissent leur vie comme une peau d’orange», explique Koren. Chaque partie, du film d’emballage lui-même à l’adhésif, est compostable à 100 %. Aucune molécule ne sera ajoutée au grand vortex de déchets du Pacifique, entre Hawaii et la Californie.

Vouloir sauver la planète passe aussi par la fabrication locale. Le film Tipa est délibérément fabriqué avec les mêmes machines que celles utilisées pour la fabrication du plastique conventionnel, utilisant des combustibles fossiles et d’origine végétale, explique la fondatrice et PDG, Daphna Nissenbaum. L’essentiel étant que les machines de production de masse puissent être modifiées rapidement pour fabriquer des films Tipa. «Ce modèle nous permet de fabriquer là où nos marchés cibles se développent, par exemple en Allemagne et en Italie», explique Daphna Nissenbaum, 51 ans. Au fur et à mesure que la technologie deviendra populaire, elle sera de plus en plus abordable et l’entreprise pourra s’internationaliser.

Contrairement au plastique conventionnel, cet emballage ne nous survivra pas, ni aux enfants de nos enfants. Dans les bonnes conditions de compostage, les emballages Tipa se désintègrent en eau, dioxyde de carbone et matière organique que les bactéries dégradent, ne laissant rien derrière elles.

Comment savoir qu’il faut jeter les films avec des feuilles organiques ? Un cachet l’indique sur l’emballage.

Le compost se fait en plaçant les déchets organiques dans une poubelle ou un trou dans le sol. Laissez-le là, en l’humidifiant de temps en temps et en le retournant avec une fourche, par exemple. Dans des conditions optimales, en 180 jours environ, vous avez du compost, qui sert ensuite à fertiliser le sol.

Mais soyons réalistes ; malgré tout le confort moderne, comme l’eau courante, la plupart des ménages ne disposent pas de jardins, et encore moins de composteurs. Très peu de personnes trient leurs déchets organiques.

Daphna Nissenbaum, fondatrice de l'entreprise Tipa.

Daphna Nissenbaum

Daphna Nissenbaum répond « qu’on ne construit pas une entreprise en fonction des problèmes et de l’environnement d’aujourd’hui, mais de ceux de demain. Or, le monde a pris conscience que la gestion des déchets doit changer parce que nous détruisons la planète. La réglementation, notamment en Europe et en Chine, évolue vers une séparation obligatoire de tous les déchets organiques ».

Si le film Tipa est jeté avec les déchets communs, il se dégradera quand même en décharge municipale. Comme une écorce d’orange, il finira par disparaître de votre vie.

« Tipa a commencé à développer son film compostable en 2012, a obtenu la certification, comme tous les emballages alimentaires l’exigent, et a commencé en 2016 à le commercialiser auprès des fabricants et transformateurs (qui emballent les produits des fabricants), notamment en Europe. Les ventes ont quadruplé en 2017″, explique Merav Koren. L’entreprise compte maintenant une trentaine d’employés.

Le prix, qui dépend de paramètres tels que le type de film commandé (plus il est fin, moins il est cher) peut varier d’un peu plus à beaucoup plus que le plastique conventionnel, principalement parce que les polymères précurseurs restent relativement chers. Cependant, plus la technologie gagne du terrain, plus elle devrait devenir abordable, prédit Koren.

Ne vous y trompez pas, dans un tas de compost ou de déchets, les films Tipa prennent leur temps pour se dégrader. C’est un compromis nécessaire entre les exigences du fabricant alimentaire – que son produit reste protégé (ou emballé) jusqu’à ce qu’il soit acheté et utilisé – et les exigences de la planète – que l’emballage ne soit pas éternel comme les diamants.

Dans des conditions appropriées, les films Tipa peuvent se transforment en compost en six mois, explique Koren. Dans tous les autres cas, le mot clé est «finalement» : la transformation prendra des années, mais non des millénaires comme le plastique conventionnel.

Abandonné sur une étagère, l’emballage Tipa ne commencera à se dégrader qu’au bout d’un an environ. C’est plus que suffisant pour la plupart des denrées alimentaires (et cela n’a pas vraiment d’importance pour les chaussettes, surtout si personne ne les porte). Il ressemblera peu à peu à un morceau de papier laissé à l’extérieur, qui se craque et brunit sur les bords. Progressivement, tout se dégrade et – très important – à aucun moment du processus les films Tipa ne produisent ces microbilles connues pour pénétrer dans chaque recoin de la Terre, jusqu’aux océans les plus profonds. Lorsqu’ils se dégradent, les films perdent de leur superbe, mais au moins ne polluent-ils pas pour toujours.

Adapté de l’article de Ruth Schuster pour Le Figaro

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